MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 21 février 2013

P. 226. Le 20 février 1724 : création du Giulio Cesare de Haendel

.
Après la P. 165 : "17 juillet 1717, première de la Water Music sur la Tamise"...

(Graph. JEA/DR).

Giulio Cesare in Egitto :
Opéra en trois actes (HWV 17) de Haendel
créé au King's theatre Haymarket de Londres le 20 février 1724.

Aujourd’hui, Jules César est l’un des opéras baroques qui suscitent le plus de productions modernes, dans le respect de sa partition initiale (des contre-ténors ou sopranos dans les rôles créés pour des castrats).

Résumé

- "48 avant Jésus-Christ. En Egypte, Jules César est vainqueur de son rival Pompée. Ptolémée, Roi d’Egypte, croyant bien faire pour attirer l’attention bienveillante de Jules César, tue Pompée et lui offre sa tête. Jules César est profondément choqué et jure à Cornelia, sa veuve, et à Sextus, son fils, de le venger.
D’un autre côté, Ptolémée tente d’éloigner du pouvoir sa soeur Cléopâtre. Celle-ci va chercher de l’aide auprès de César, qu’elle séduit par intérêt, mais finit par éprouver elle aussi des sentiments.
L’action décrit la course au trône entre Cléopâtre et son frère Ptolémée, le deuil de Cornelia et le désir de vengeance de son fils Sextus, et la rivalité entre Ptolémée et son général Achille pour séduire Cornelia.
L’opéra se termine par le triomphe de César et de Cléopâtre, Achille étant mort
au combat et Ptolémée tué par Sextus."

Château de Versailles spectacles


- "Les amours de César et Cléopâtre ont inspiré à Haendel des pages splendides, et la "prise de pouvoir" de Cléopâtre faisant alliance contre Ptolémée en se servant des sentiments de César, tout en lui vouant une réelle admiration, font de la Reine d'Égypte l'un des plus forts personnages de Haendel."
(2012).



Face à face Jules César - Cléopâtre (Mont. JEA/DR).

David McVicar

- "Jules César est un kaléidoscope d'un opéra, à la fois un opéra semi-comique, et un récit d'aventures semi-tragique. On y trouve la romance, le théâtre, les moments forts de la vie politique, la complexité des relations familiales, ainsi que l'émotion vraie et la tragédie… C'est un miracle."
(Les 3 Palmes, En direct du Metropolitan Opera de New-York, 2013).

Cecilia Bartoli

- "La Cléopâtre que j’aime, c’est la femme aux mille visages, c’est probablement ça le mystère de Cléopâtre. La Cléopâtre de Händel est une femme qui est au début assez rigide, assez sévère, autoritaire, et qui est toujours en lutte avec son frère Ptolémée, c’est une femme qui a soif de pouvoir.
Et puis elle découvre l’amour, mais avec cet amour pour César tout change et donc, cette femme, qui était forte, devient une femme fragile, à cause de cet amour pour César et toutes ces vicissitudes qui en découlent. Cléopâtre est une femme merveilleuse."
(euronews, 14 juin 2012).

Benoit van Langenhove

- "Giulio Cesare in Egitto est le sixième opéra écrit à Londres par Händel pour la Royal Academy of Music. Il fut créé au King’s Theatre in the Haymarket le 20 février 1724. Pour ceux qui connaissent un peu Londres, Haymarket est une rue entre Pall Mall et Piccadilly Circus. Le bâtiment qu’a connu Händel a brûlé en 1789. Il fut rapidement reconstruit et existe toujours sous le nom de King’s Theatre in the Haymarket.
La distribution comprenait, dans le rôle de César, le castrat alto – Senesino, la soprano Francesca Cuzzoni dans le rôle de Cléopâtre, l’alto Anastasia Robinson dans le rôle de Cornelia, la soprano Margherita Durastanti dans le rôle de Pompée, le castrat alto Gaetano Berenstadt dans le rôle de Tolomeo. L’opéra fit un grand effet en raison de sa partition somptueuse et de sa richesse mélodique. L’opéra donna aussi à Sestino et à Cuzzoni l’occasion d’exploiter pleinement leur talent dramatique et lyrique.
(La Médiathèque.be, 2008).



De g. à dr. et de ht en bas: Affiches de La Monnaie (Bruxelles), du Metropolitan Opera et du Festival de Salzbourg (Mont. JEA/DR).

Opéra-online


- "Du panache, du burlesque, des grands sentiments, une poignée de personnages pleins de couleurs et de reliefs, une kyrielle d’airs tous plus magiques les uns que les autres : voilà Jules César (ou Giulio Cesare), quintessence de l’opéra dit seria (c’est à dire « sérieux », même si son sujet ne l’est qu’à moitié), forme majeure de l’opéra au XVIIIe siècle que George Friederic Haendel porte à des sommets. Jules César, l’un des quarante du genre, est le plus célèbre et populaire d’entre eux. Le principe ? Une suite d’airs tour à tour tendres, espiègles, fougueux, martiaux, majestueux, éplorés, langoureux, désespérés qui narrent l’amour de Jules César et de Cléopâtre, sur fond de guerre d’Egypte, de querelles politiques et de tumultes intérieurs. Dans ce théâtre héroïque et amoureux où tous les rebondissements sont possibles, les voix et rien que les voix sont reines, caressant les mots, s’envolant dans un tourbillon de vocalises qui entrainent l’auditeur dans une ivresse des sens.
(2012).

Opéra national Paris

- "C’est le cinquième opéra écrit par Haendel pour la Royal Academy of Music, et, de loin, le plus fastueux par la richesse mélodique, la variété des styles et l’utilisation des choeurs, originale pour l’époque. C’est aussi l’une des ses œuvres les plus dramatiques. Le caractère de Cléopâtre est dessiné avec une grande subtilité. Ses airs «Se pieta», «V’adoro pupille» et «Piangero la sorte mia» sont parmi les plus expressifs écrits par Haendel. Les airs de César le font apparaître comme un homme d’action. Le caractère poignant de la douleur de Cornélie fait contrepoids aux réactions extraverties de César et à la frivolité de Cléopâtre : la musique qui lui est attribuée révèle, derrière sa désolation, un personnage doté d’un courage à toute épreuve et d’une grande sérénité.

(2013).

Jean-François Labie

- "Homme de théâtre, Haendel est capable d’échapper aux platitudes de l’opéra de beau chant tel que le pratiquent ses contemporains. Il sait mettre en scène une belle histoire et des personnages dramatiques. Les héros mythiques qu’il présente sont rarement des rois, des amoureux ou des traîtres de convention. Sous leur accoutrement antique, ils ont les émotions d’hommes bien réels ; le triomphe ou l’échec, l’amour et la mort, ont chez eux la même réalité qu’ils auraient aujourd’hui chez des acteurs de cinéma (…).
L’histoire qu’il raconte est violente ; mais il l’entoure de la calme assurance des dieux. Ce faisant, il nous livre le plus parfait des opéras de son temps."
(Cité de la Musique, notes de programme).




Festival de Glyndebourne - 2005.




Giulio Cesare: Sarah Connolly
Cleopatra: Danielle de Niese
Sesto: Angelika Kirschschlager
Tolomeo: Christophe Dumaux
Nireno: Rachid Ben Abdeslam
Cornelia: Patricia Bardon
Achilla: Christopher Maltman
Curio: Alexander Ashworth.




Orchestra of the Age of Enlightenment
Conducted by William Christie
Stage direction by David McVicar.

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18 commentaires:

  1. en manque de cette musique (donnerait tout Donizetti plus Massenet, plus ..)

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    1. Minkowski :
      - "Haendel, c’est très difficile à expliquer. C’est comme quand on aime le chocolat : on ne sait pas pourquoi !"

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  2. Quel bonheur de recevoir en cadeau le souvenir d'une date et d'une telle musique ! Mozart appréciait Haendel au point de remettre "le Messie" au goût du jour de son temps. Beethoven aurait dit : "Haendel est le plus grand compositeur qui ait jamais vécu." Il ne tarissait pas d'éloges à propos du "Messie".
    Merci de ce rappel, Jean-Emile.

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    1. en effet, comme tu le soulignes, Mozart évoquait Haendel en ces termes :
      - "Quand il faut, il frappe comme le tonnerre..."
      une foudre créatrice puisque le Messie aurait été composé en 24 jours !

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  3. Voilà un opéra que je connais à peine...comment est-ce possible?
    Le bon côté c'est que grâce à vous je vais avoir le plaisir de m'y submerger, merci!

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    1. un bon ami vous répondrait que ce ne peut être que possible en rappelant, oeuvres à l'appui, que Haendel aurait rempli sans peine et pour des années tous les juke-boxes de son époque tant il était fécond...

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  4. La musique, rien que la musique. Toutes les mises en scène n'enlèveront rien à la musique de Haendel.

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    1. mais hélas, je n'ai pas trouvé sur YT (et à l'abri de publicités complètement parasites) de version uniquement orchestrale mais intégrale de cet opéra
      restait pour les trois vidéos successives la caution de William Christie...

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  5. Je vais de ce pas mettre un lien vers mon article Jules César dans le challenge Shakespeare.

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    1. Mystères
      Et
      Reflets
      Conjuguant leurs
      Illuminations...

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  7. Cléopâtre, en écho à mon 1er écho, le panier de figues et l'aspic. Merci pour les liens, j'aime quand vous faites salon de musique.

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    1. Haendel à défaut de Sauviettes...
      http://lamerecastor.canalblog.com/archives/2013/02/23/26483658.html

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  8. A part la Water Musik (que j'écoutais à l'époque entre Bob Dylan, Léonard Cohen ou Joan Baez ;)je ne connais rien de Haendel... hier, je me suis laissée emporter par cet opéra, plein de rebondissements et d'envols dramatiques ! Merci !!

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    1. Et pour suivre ? La Résurrection :
      http://www.youtube.com/watch?v=Xd34OpwRpKg

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  9. Rien à voir avec l'opéra, mais tout à voir avec le théâtre et le milieu carcéral : le dernier film des frères Taviani, d'après la pièce de Shakespeare : "Cesare deve morire ". Des acteurs qui vivent leur rôle dans leurs tripes à défaut de pouvoir vivre leur liberté. Et cette phrase terrible prononcée par l'un d'eux : "Maintenant que j'ai approché l'art, je sais ce qu'être en prison veut dire !"

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    1. chère saravati,
      comment vous remercier d'élargir autant l'horizon de cette page alors que la neige piège les roses des vents ?
      après Cléopâtre, Brutus !
      et le cinéma unique des frères Taviani (en Wallonie nous avons aussi nos frères D. du 7e art)
      pour une film salué ainsi par Jean Roy :
      - "Que César doive mourir, on 
en est convaincu, Shakespeare et conjurés aidant. Mais que ces mots soient mis sur scène dans la bouche de détenus, dont certains ont peut-être été convaincus de crime, donne au texte une prégnante actualité. Ici, le mot catharsis prend sa vraie dimension. Et pour l’usage curateur qu’en font les détenus qui jouent la pièce. Et pour 
les Taviani qui accomplissent 
là les noces du sixième art et du septième. Avec une intelligence et un sens de la dialectique à couper le souffle. Ours d’or à Berlin, le film n’a cessé, depuis, de nous hanter, 
tel le spectre de Hamlet."
      (L'Humanité, 17 octobre 2012).

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