MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 19 novembre 2012

P. 199. A 36 ans, le 21 novembre 1695, H. Purcell referme la partition de sa vie


.


Henry Purcell et l'ouverture de son Fairy Queen (Mont. JEA/DR).

Henry Purcell (10 septembre 1659 - 21 novembre 1695) :
plus de 800 œuvres...


François-Joseph Fétis

- "La supériorité incontestable de sa musique sur tout ce qu’on avait écrit depuis longtemps en Angleterre; le caractère d’originalité qu’on y remarquait et la variété des formes firent rechercher ses ouvrages par tous les maîtres de chapelle (…).
Purcell fut le premier compositeur anglais qui introduisit les instruments dans la musique d’église, car avant lui on n’employait que l’orgue pour l’accompagnement des voix; il montra dans son instrumentation autant de conceptions nouvelles que dans le caractère de sa musique vocale."
(« Biographie universelle des musiciens », Firmin-Didot, Paris 1866, p. 141).

France Musique


- "Issu d’une famille des musiciens reconnus, attachés à la cour d’Angleterre, compositeur précoce, prolifique, visionnaire, Henry Purcell est le plus grand représentant du premier baroque anglais. Malgré la brièveté de sa carrière de compositeur (il est mort à 36 ans), il a marqué par son empreinte la musique sacrée ou de circonstances, destinée à la cour, mais aussi celle destinée à l’usage privé dans les foyers ou celle destinée à la scène."

Philippe Le Corf

-"Foudroyé par le destin dès sa trente-sixième année, le Shakespearien Henry Purcell rayonne sur le Baroque anglais des mille rayons d’une imposante et pourtant trop courte production. Celle-ci s’impose sans partage, en allant droit au cœur, avec toute la vitalité d’une jeunesse conquérante, dans la joie comme dans le cri, dans la plainte comme dans la féerie, dans le deuil comme dans la fantaisie."
(Cité de la Musique, le Baroque).

Ath. R. Gatti de Gamond

- "Ses multiples occupations de compositeur, professeur, chanteur et instrumentiste seront les causes de sa mort prématurée en 1695. L'anthem Thou knowest, Lord, the secrets of our hearts, composé pour les funérailles de la reine Mary en 1695, sera joué à ses propres funérailles.
PURCELL est enterré dans l'abbaye de Westminster et sa plaque funéraire traduit l'estime de ses contemporains :
Here lies Henry Purcel, Esq. : who left this life, and is gone to that blessed place where only his harmony can be exceeded .
Ici repose Henry Purcell, Esq. : qui a quitté cette vie et est parti en cet endroit béni, où seule son harmonie peut être dépassée
."
(Cartable musical).


The Fairy Queen, versions de J Savall, de J. E. Gardiner, de N. Harnoncourt et de W. Christie (Mont. JEA/DR).

The Fairy Queen (la Reine de fées), 1692.


Armelle Heliot

- "L'oeuvre fut créée au Dorset Garden de Londres le 2 mai 1692. Un événement demeuré dans les annales de l'art du spectacle tant les effets de la mise en scène étaient incroyables (…).
L'argument ? Shakespeare écrivit cette pièce vers 1595. On est dans les bois, non loin d'Athènes. Il y a une idylle croisée entre quatre jeunes gens qui vont être victimes de farces féériques car ils se sont enfuis dans ces bois pour fuir les rigueurs parternelles (pour dire vite)."
(Le Figaro, 10 janvier 2010).

Festival de Beaune

- « The Fairy Queen », créé le 2 mai 1692 au Dorset Garden Theater de Londres, fut le plus grand succès du vivant de Purcell. Il appartient au genre semi-opéra, une forme hybride avec une action parlée et des parties musicales comprenant airs, danses, interludes instrumentaux et masques. Le livret est une adaptation libre de la pièce “Le Songe d’une Nuit d’été” de Shakespeare. L’élément féérique joue un rôle important dans la pièce. Les Fées introduisent toutes les scènes musicales."
(2002).

Médiathèque de Belgique

- "Inspiré du Songe d'une Nuit d'Été de Shakespeare, The Fairy Queen est une synthèse du théâtre et de la danse, mêlant le goût français et le goût italien au style britannique dans un esprit de féerie.
Ce qui caractérise le mieux l'œuvre de Purcell, c'est la variété de ce qu'on peut y trouver. Outre sa réelle valeur intrinsèque, sa musique porte en elle le pouvoir de créer l'émotion chez l'auditeur, et cela à travers les siècles."
(La musique anglaise, Les temps difficiles : de 1642 à 1702).

Acte III – I love a sweet passion

Si Amour est une douce passion, pourquoi torture-t-il ?
S’il est une amertume, oh, dites-moi d’où vient mon contentement ?
Puisque je souffre avec plaisir, pourquoi devrais-je me plaindre,
Ou accuser mon destin, quand je sais que c’est en vain ?
Si plaisante est la peine, si douce la flèche,
Qu’en même temps elle me blesse, et touche mon cœur.

Je presse doucement sa main, regarde languissamment par terre,
Et par un silence passionné, je fais connaître mon amour.
Mais, oh ! je suis si fortuné quand elle se montre assez bonne
Pour découvrir son amour par quelque maladresse volontaire.
Quand elle tâche de la cacher, elle révèle toute sa flamme,
Et nos yeux se disent mutuellement ce qu’aucun de nous n’ose nommer.


Véronique Gens, les Arts Florissants sous la direction de William Christie.

Opéra international

- "Dans ce nouveau "semi-opéra", qui succède à King Arthur, Purcell manifeste une habileté toujours aussi prodigieuse à intégrer une pièce théâtrale (ici, une défiguration du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare), entrecoupée de morceaux musicaux fort divers : outre les parties instrumentales - levers de rideau, entractes, symphonies et danses -,les choeurs et ensembles vocaux solistes étaient confiés aux acteurs, tandis que, survenant souvent à l'occasion de scènes organisant un théâtre dans le théâtre, les sangs et ayres s'adressaient à de véritables solistes.
Dramatiquement, The Fairy Queen est encore moins lié à une trame événementielle que King Arthur, déjà pourtant bien relâché en cette matière. Ainsi exemptée de toute plausibilité narrative, la musique déploie une invention souverainement libre. Plus habile que jamais à synthétiser les plus diverses influences musicales européennes, Purcell épanouit tous les registres expressifs avec un ahurissant sens du timing et des proportions temporelles. Ludion inlassable et facétieux, il semble présent derrière chaque note, vocale ou instrumentale. Là où l'arbitraire et le décoratif auraient dû régner, Purcell parvient à donner une profonde nécessité à un tissu aussi lâche et théâtralement déresponsabilisé."
(Mars 1995).

Acte V – O let me sweep

Oh, laissez-moi pleurer, toujours pleurer;
Mes yeux n’accueilleront plus le sommeil,
Je me cacherai à la vue du jour,
Je rendrai mon âme à force de soupirs;
Il est parti, il est parti, pleurez sa perte
Et je ne le verrai jamais plus.


Alfred Deller.

Philip Pickett

- "De récentes recherches ont révélé que The Fairy Queen, dont le dernier masque est encadré par Hymen et Junon (deux figures mythologiques du mariage), fut en fait monté pour célébrer le 15e anniversaire de l’union du roi William III et de son épouse la reine Mary II. Dans le masque mettant en scène la réconciliation de Oberon et Tatiana, à la fin de l’acte IV, le décor représente un jardin agrémenté de fontaines, tel que le roi William les affectionnait ; les allégories des Quatre Saisons, dans le même acte, suggèrent que les liens du mariage triomphent tout au long de l’année ; et l’on comprend l’hommage dans le symbole du soleil souverain aux propos « All salute the rising Sun, the Birth-Day of King Oberon », qui ne manquent pas de souligner que le jour des noces du roi était aussi celui de son anniversaire."
(Cité de la Musique, Note de programme, 15 février 2011).

Benjamin François

- "Malgré son succès, la partition fut égarée après la mort de Purcell, et bien que le Théâtre Royal de Covent Garden offrit une récompense substantielle à celui qui la retrouverait, elle fut considérée comme perdue jusqu’en 1903, date où elle fut publiée par la Purcell Society."
(Le jardin des critiques, 22 avril 2012).

J. E. Fousnaquer


- "L’œuvre, créée en 1692, mit le feu aux planches anglaises avant de disparaître et d’être miraculeusement retrouvée au fond d’une bibliothèque londonienne au début du siècle. Galvanisé par la prose de Shakespeare, Purcell affine ici la méthode musicale qui fait de lui l’un des plus grands compositeurs baroques de tous les temps."
(LesinRocKs, 30 novembre 1994).



8 commentaires:

  1. Merci pour cette présentation de très haute qualité et de grande finesse. Ah ! Ces baroques anglais, incomparables pour exprimer les larmes ! Ah ! ce merveilleux Alfred Deller !
    Que de belles choses tu nous offres et nous rappelles !

    RépondreSupprimer
  2. Décidément vos montages (cf. photo 1) et vos présentations me plaisent beaucoup. En fait, je découvre...

    RépondreSupprimer
  3. Il est mort à 36 ans et nous laisse une musique "conquérante dans la joie comme dans le cri"... quel genre de créations aurait suivi, s'il avait vécu plus longtemps ? Le baroque flamboyant, réussi, est-il plutôt propre à la jeunesse (pour dire vite) ?

    RépondreSupprimer
  4. Un si beau cadeau, grand merci JEA.
    Mal connue (de moi du moins) cette Reine des fées...heureusement qu'on a remis la main dessus.
    Plaisirs et larmes.

    RépondreSupprimer
  5. Pourquoi faut-il que les belles âmes disparaissent si tôt? Bel hommage

    RépondreSupprimer
  6. J'écoute "O Let Me Weep" pour la deuxième fois et je le mets à fond, bon sang que c'est beau... un petit miracle, merci JEA !

    RépondreSupprimer
  7. La Fairy Queen, vue, entendue, savourée et plus encore dans l'abbatiale de la Chaise Dieu. Une seule fois, assise près de maman qui n'est plus, mais pour la vie.

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)