MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

lundi 1 octobre 2012

P. 186. Le 1er octobre 1733 : première d'Hippolyte et Aricie de J-P Rameau

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Rameau et la partition d'Hippolyte et Aricie (Mont. JEA/DR).

David Le Marrec

- "Hippolyte & Aricie constitue le premier essai à l'opéra d'un compositeur cinquantenaire, mais disposant d'une longue carrière théâtrale à venir. Sa réputation est flatteuse dans les histoires de la musique, et souvent chez les amateurs du genre. Je me garderai bien de porter un jugement sur les goûts de ces derniers, en revanche pour ce qui est de l'histoire, c'est à tort et à raison.
Incontestablement, lorsque cette oeuvre apparaît sur la scène de l'Académie Royale de Musique, le 1er octobre 1733, elle rompt avec tout ce qui pouvait être entendu jusqu'alors. Le succès est considérable, et les remaniements par Rameau durent jusqu'en 1757, tandis que les reprises se poursuivent tout au long du XVIIIe siècle."
(Carnet sur sol, 10 juin 2012).

Pascale Besses-Boumard

- "Lorsqu'il écrit ce premier opéra, Jean-Philippe Rameau a 50 ans. Ce n'est pas faute d'avoir eu envie d'en écrire un plus tôt, mais le compositeur déjà reconnu par ses contemporains n'avait jamais réussi à trouver le librettiste idéal. Grâce à sa rencontre avec l'abbé Pellegrin, ce sera chose faite. Rencontre qui se révèlera plus que fructueuse puisque grâce à cet érudit, Rameau créera donc Hippolyte et Aricie, mais aussi Platée, les Indes Galantes ou Castor et Pollux pour ne citer que les œuvres les plus connues. Ces opéras appartiennent à la tragédie lyrique, c'est-à-dire un genre créé par Lully et Quinault qui place sur un pied d'égalité la musique, le texte et la danse (…).
L'œuvre de Rameau met en musique l'Hippolyte et Aricie d'Euripide et le Phèdre de racine, le musicien ayant choisi de mêler les deux histoires afin d'en retenir ce qui lui plaisait le plus : le côté épique du récit d'Euripide et l'aspect tragique de Phèdre. L'intrigue retrace les amours contrariés d'Hippolyte et d'Aricie par la passion coupable de Phèdre vis-à-vis de son beau-fils, Hyppolyte. Contrairement à l'œuvre racinienne, l'opéra se terminera bien, les deux tourtereaux finissant par se retrouver grâce à l'aide de la bienveillance des dieux."
(La Tribune, 19 juin 2012).

Château de Versailles Spectacles


- "En 1733, le premier opéra de Rameau transforma d'un coup le paysage musical français:
orchestration d’exception, invention mélodique de chaque instant, magnificence des voix... Une révolution musicale s’accomplit dans cette tragédie lyrique. Premier essai de Rameau dans le genre opera, premier coup de maître, révélant une oeuvre de maturité d’une grande richesse musicale, résultat de recherches menées pendant une bonne partie de la vie du compositeur. Le livret remarquable prend sa source dans la Phèdre de Jean Racine : l’histoire de Phèdre et son amour impossible pour son beau-fils Hippolyte, l’un des plus beaux thèmes du théâtre classique. Hippolyte, héros du drame, épris d’Aricie, permet au compositeur d’introduire des épisodes merveilleux : les aventures de Thésée aux enfers, l’intervention d’un monstre horrible qui vient enlever Hippolyte avant que de gracieux zéphirs ne le ramènent à Aricie dans un char céleste. Lors de la reprise de 1757, le compositeur, selon son habitude, a procédé à diverses modifications, supprimant notamment le prologue. André Campra se serait exclamé : «Il y a dans cet opéra assez de musique pour en faire dix ; cet homme nous éclipsera tous»; de fait cet opéra fut joué 123 fois entre 1733 et 1767 !"
(13 février 2012).

Benjamin François

- "Avec Hippolyte et Aricie, Rameau se situait délibérément dans une tradition qui prend sa source avec Lully, sous le règne de Louis XIV.
Mais le temps de Louis XIV n’est plus. Rameau l’a compris, et n’en a pas moins transcendé le genre de la tragédie lyrique pour l’adapter au goût du public de son époque, en lui donnant "plus de douceur, plus de sensualité, plus de grâce à l’opéra, beaucoup plus de science de l’harmonie, sans remettre en question l’univers mythologique, romanesque, baroque qui a présidé à sa création" (Philippe Beaussant)."
(le jardin des critiques, 8 janvier 2012).

André Tuboeuf

- "Derrière Hippolyte et Aricie il y a Racine : une autre dimension, malgré le happy end et mille distorsions. Et dans le livret comme dans la musique, partout la passion. Leurs airs en portent la preuve, airs caractérisés, projetés, violents, les personnages ont un accent individuel, du format et du relief. Ils appellent un chant soutenu, sur lequel il faudra bien que s’alignent les divinités secondaires, silhouettes qui interviennent çà et là (ex machina, évidemment)."
(L’œil et l’oreille).


Enregistrements de M. Minkowsky avec les Musiciens du Louvre et de la Petite Bande avec S. Kuijken (Mont. JEA/DR).

Scène première, Aricie en Chasseresse

- "Temple sacré, séjour tranquille,
Où Diane aujourd’hui doit recevoir mes vœux,
À mon cœur agité daigne servir d’asile
Contre un amour trop malheureux.
Et toi, dont malgré moi je rappelle l’image,
Cher Prince, si mes vœux ne te sont pas offerts,
Du moins, j’en apporte l’hommage
À la Déesse que tu sers.
Temple sacré, séjour tranquille,
Où Diane aujourd’hui doit recevoir mes vœux,
À mon cœur agité daigne servir d’asile
Contre un amour trop malheureux."

Fin de la Scène cinq, Aricie


- "Rossignols amoureux, répondez à nos voix ;
Par la douceur de vos ramages ,
Rendez les plus tendres hommages.
À la Divinité qui règne dans nos bois."
(Un Ballet général termine le Divertissement.)

Bruno Maury et Viet-Linh Nguyen

- "L'argument est assez complexe. Lors du prologue, Diane et l'Amour se disputent pour savoir qui régnera sur le cœur des habitants des bois. Jupiter met fin à leur querelle. L'acte I se déroule dans un temple consacré à Diane, où Aricie se prépare à présenter ses vœux. Hippolyte tente de la dissuader en lui avouant son amour. Par jalousie, Phèdre ordonne la destruction du temple, mais Diane protège les amoureux. Après que Phèdre ait laissé éclater sa rage, un messager lui apprend que son époux, Thésée, est descendu aux Enfers.

L'acte II est celui des Enfers. Thésée s'y est rendu pour secourir son ami Pirithoüs. Il doit d'abord affronter la furie Tisiphone. Il implore ensuite la clémence de Pluton et de sa cour infernale. Insensible, Pluton le condamne à partager le sort de son ami. Mais Thésée bénéficie de la protection de son père Neptune, qui a promis de l'aider à trois reprises. Mercure vient rappeler à Pluton le serment de Neptune. Avant de quitter les Enfers, les trois Parques révèlent à Thésée que son sort sur terre n'y sera pas plus heureux.

A l'acte III, Phèdre révèle à Hippolyte son amour. Celui-ci est effrayé par l'aveu de sa belle-mère, et réclame un châtiment divin. De retour des Enfers, Thésée croît son fils coupable, il demande son sang à Neptune.

L'acte IV se déroule dans un décor champêtre : Hippolyte se lamente, suivie par Aricie. Les deux jeunes gens supplient Diane de bénir leur amour. Un monstre marin surgit et engloutit Hippolyte. Phèdre, en proie aux remords, regrette sa faute.

A l'acte V, Phèdre s'est suicidée. Thésée, ayant appris l'innocence de son fils, veut aussi mettre fin à ses jours. Neptune l'en dissuade, et lui révèle qu'Hippolyte a été sauvé par Diane. Mais son père ne pourra plus le revoir. L'opéra s'achève sur l'union d'Hippolyte et Aricie, bénie par Diane."
(Muse Baroque).



 
Version du Concert d'Astrée sous la direction d'Emmanuelle Haïm.


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