MO(T)SAIQUES 2

"Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ..."

Milosz

jeudi 24 mai 2012

P. 147 bis. Henri et Solange Ardourel, Justes parmi les Nations honorés à Crouy

.

Invitation à la Cérémonie (DR)

Reportage photographique retraçant la Cérémonie de reconnaissance des Justes parmi les Nations : Henri et Solange Ardourel.
Le dimanche 20 mai 2012 en la Salle polyvalente de Crouy (Aisne).



(Ph. JEA/Droits Réservés à ce seul blog -1)
M. Daniel Moitié, Maire de Crouy.

Dans un discours introductif empreint d'humanisme, le Maire a replacé les drames traversés par Albert Szerman, rescapé de deux rafles, ainsi que par ses sauveurs. Il a su décrire la Shoah dans toutes ses dimensions en France mais aussi le courage du couple Ardourel, lesquels n'hésitèrent pas à mettre leur propre vie en danger pour que soit épargnée celle d'un persécuté de 8 ans.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog).
Remise du Diplôme et de la Médaille aux noms des deux Justes.

De g. à dr . : Mme Viviane Saül, déléguée du Comité Français pour Yad Vashem, Mme Ginette Létoffé ayant droit des Justes reconnus à titre posthume et recevant leur Diplôme ainsi que leur Médaille des mains de M. Yaron Gamburg, porte parole de l'Ambassade d'Israël en France. A ce titre, le diplomate souligna :

- "Kol amatsil nefesh ahat keilu etsil olam male - Quiconque sauve une âme sauve l’univers tout entier.
Cette citation du Talmud exprime toute l’importance que revêt pour le peuple Juif le comportement exceptionnel qui fut celui des Justes durant la deuxième guerre mondiale. Les Justes au plus fort de cette période sombre qu’a connu la France, ont eu le courage de braver l’autorité au péril de leur propre vie et de celle de leur famille, en sauvant des êtres humains dont le seul crime, était d’être juif…
Ils l’ont fait avec leur âme, avec leur cœur, avec leur sang car beaucoup y ont laissé la vie.
Les Justes considèrent pourtant ce qu’ils ont fait comme étant naturel et pensent même souvent qu’ils auraient pu en faire davantage. Pour beaucoup d’entre eux, ils ont agi par devoir, devoir d’humanité, devoir de citoyen et devoir de Français.
C’est pourquoi par leurs actes héroïques, ils n’ont pas seulement sauvé des innocents d’une mort certaine ; mais ils ont aussi sauvé la dignité humaine, et l’honneur de leur pays, la France (...).
C’est pourquoi rien ne doit nous écarter de notre devoir de mémoire et de vérité.
La vérité, il nous faut l’enseigner et la faire vivre, pour qu’elle ne soit jamais oubliée.
La mémoire il nous faut la brandir pour éclairer l’avenir et rappeler les liens éternels qui doivent s’établir entre le passé le présent et l’avenir de nos Nations.
La médaille des Justes parmi les nations est la plus haute distinction décernée par l’Etat d’Israël. Elle est l’expression d’une gratitude profonde et d’une reconnaissance éternelle."


(Ph. JEA/DR à ce seul blog)
La Salle polyvalente de Crouy était comble. Gros plan d'un public particulièrement attentif et chaleureux.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog)
Les deux délégués du Comité Français pour Yad Vashem (2), Alain Habif et Viviane Saül.

L'oratrice rappelle :
- "En France, 76000 juifs furent déportés, dont 11 000 enfants. Seuls 2550 revinrent des camps d’extermination et aucun enfant ne se trouvait parmi eux. Toutefois, une grande partie des juifs en France ont eu la vie sauve grâce à des hommes et des femmes non juifs, qui n’écoutant que leur conscience, les ont cachés, protégés, nourris, leur ont souvent procuré de faux-papiers et sauvés d’une mort certaine.
Célèbres ou anonymes, ces héros étaient de tous âges, de toutes origines, de toutes appartenances religieuses et politiques et de tous milieux sociaux.
Ces hommes et ces femmes d’honneur avaient pour dénominateur commun le respect des valeurs morales, le rejet du fascisme et le courage d’agir malgré les risques encourus (...). Ces Justes ont non seulement sauvé des vies humaines, mais ils ont aussi incarné l’honneur de l’humanité, qui grâce à eux, n’a pas totalement sombré à Auschwitz (3). Si, sous le régime de Vichy, il y eu dans notre pays des collaborateurs, des gens qui ont livré des Juifs à la mort, d’autres gens, des hommes et des femmes, malgré la terreur, se sont dressés contre ces mesures anti-juives qu’ils ressentirent comme déshonorantes pour notre pays."


(Ph. JEA/DR à ce seul blog).
Albert Szerman évoque son propre destin qui fut marqué par d'authentiques "miracles".
Lire son témoignage sur la page 147. Sur la photo, de g. à dr. : les deux délégués du Comité Français pour Yad Vashem et Albert Szerman.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog) 
Ginette Létoffé-Bourguignon s'est vu remettre la Médaille et le Diplôme de son oncle et de sa tante.

En son nom et à celui de son épouse, M. Bernard Létoffé,
Président du Comité d'entente des Associations d'anciens combattants, souligna la modestie et la discrétion spontanées des deux Justes à l'esprit desquels ne vint jamais le souhait de se glorifier du sauvetage d'un petit juif persécuté, ni des sacrifices qu'eux-mêmes avaient consentis lors des années cruelles de l'occupation.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog) 
Résistants, Anciens Combattants, Associations Patriotiques et de Mémoire, autant de drapeaux qui se sont inclinés devant les victimes de la Shoah et les Justes parmi les Nations.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog)
Deux jeunes filles de Crouy donnent lecture du poème "Le badge" d'Albert Pesses :

- "On m’a donné un badge,
Quand j’étais enfant,
On m’a donné un badge,
Ce que j’étais content !

Je l’ai cousu ce badge,
A la place de mon cœur,
Je l’ai cousu ce badge,
Sur mon plus beau vêtement.

Il était beau ce badge,
Jaune et bordé de noir.
Il était beau ce badge
Comme un astre vraiment.

La forme d’une étoile,
A six branches de surcroit.
La forme d’une étoile,
Un mot écrit dedans.

Un mot de quatre lettres,
En caractères gras.
Un mot de quatre lettres,
Tordues comme des serpents :

On avait marqué JUIF
Au centre lisiblement
On avait marqué JUIF
Sur mon cœur de 7 ans (...)"


(Ph. JEA/DR à ce seul blog).
La Chorale de l'Ecole de Musique de Crouy entonne avec talent le Chant des Partisans...


(Ph. JEA/DR à ce seul blog).
Entraînant le public dans un même élan : "Ami, entends-tu ?...


Paroles de Joseph Kessel et de Maurice Druon.
Musique et interprétation : Anna Marly.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog).
Une dernière photo résumant cette Cérémonie.
De g. à dr : Alain Habif et Viviane Saül, Ginette Létoffé, Albert Szerman, Yaron Gamburg, Daniel Moitié.

Le Comité Français pour Yad Vashem précise que plus de 24.300 Médailles ont été attribuées dans environ 30 pays où put sévir le judéocide mais aussi où des Justes enrayèrent la machine infernale de la Shoah (4). En France même, plus de 3.500 de ces héros de l'ombre ont déjà été reconnus. Comme l'atteste et l'officialise la Cérémonie de Crouy, Henri et Solange Ardourel viennent de rejoindre cette famille de femmes et d'hommes d'honneur.


(Mont. JEA/DR à ce seul blog).
1954 : photo de famille. En haut à g. : Henri Ardourel. En haut à dr. : Solange Ardourel.

NOTES :

(1) Tous droits réservés - 2012 - JEA pour la page de ce blog.
Que les lecteurs (masc. gram.) veuillent bien excuser ce rappel mais il s'impose face aux plagiaires systématiques, sans scrupules et bafouant toute éthique pour s'adonner à du "Shoah-business".

(2) Coordonnées du Comité Français pour Yad Vashem:
- 33 rue Navier 75017 Paris
- Tél. : 01 47 20 99 57
- courriels, cliquer : ICI
- pour le remarquable site internet, cliquer : ICI.

(3) Lire la P. 107 de ce blog : "Auschwitz, notre infini désespoir". Cliquer : ICI.


(4) Sur ce blog, la Shoah est évoquée aux pages :
- 136 : Yom HaShoah , témoignages de rescapés dont Paul Schaffer, Président d'honneur du Comité Français pour Yad Vashem. Cliquer : ICI.
- 115 : Mémoire de la Shoah, la gare de Bobigny. Cliquer : ICI.
- 71 : Les enfants d'Izieu n'ont que faire d'un avocat FN. Cliquer : ICI.
- 33 : le procès Barbie. Cliquer : ICI.
- 7 : le procès de Céline. Cliquer : ICI.
- P. 3 : Bobigny, gare de la déportation. Cliquer : ICI.


(Ph. JEA/DR à ce seul blog)
Deux nouveaux noms dans le Jardin des Justes à Jérusalem et sur le Mur du Mémorial de la Shoah à Paris.


.

5 commentaires:

  1. Le Yad Vashem, une si "humaine" institution, et chaque fois un autre témoignage de vie et de mort.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. A propos de Yad Vashem, Viviane Saül, déléguée, apporta ces précisions :
      - "En dépit de la persévérance de Yad Vashem et des efforts des volontaires qui l’assistent, tous les « Justes » ne pourront pas être identifiés avec certitude. Les témoins directs sont de plus en plus rares.
      Ce sont maintenant les enfants et même parfois les petits-enfants qui reçoivent la médaille et le diplôme au nom des Justes nommés à titre posthume.
      Pour cette raison, un monument au Juste Inconnu a été érigé sur le Mont du Souvenir à Yad Vashem Jérusalem..."

      Supprimer
  2. Quel poignant poème que celui d'Albert Pesses ! Beaucoup d'enfants ont dû voir les choses ainsi, innocemment, même fièrement - qui sait ? - grâce peut-être à leurs parents qui voulaient leur éviter la sinistre réalité...
    Quant aux époux Ardourel, on ne célébrera jamais assez ceux qui agissent au péril de leur vie ou des pires souffrances.

    RépondreSupprimer
  3. Déléguée du Comité Français pour de telles cérémonies, Viviane Saül y propose la lecture de ce poème. Tu vas en recevoir par courriel la version intégrale. Ici, faute de place, chaque texte de la page 147bis a été plus ou moins réduit...

    RépondreSupprimer
  4. Le poème est extrêmement touchant.
    Quant aux justes, nous ne leur rendrons jamais assez hommage.

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés dans la mesure où les spams ne sont pas vraiment les bienvenus (ils ne prennent pas de vacances)